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Univers virtuels et réalité trop améliorée

posted under , , by gaetan |
Je suis à l'agence quand je reçois par mail une invitation pour aller dans un centre d'univers virtuels. C'est comme un parc d'attraction, on y va tous les 4-5 ans histoire de s'amuser un bon coup. Là c'est un groupe d'amis qui organise ça, allez, pourquoi pas. Je pars un peu plus tôt du boulot donc, et les rejoint au pied de l'immense immeuble gris, qui ressemblerait à un complexe de cinéma sans les affiches. Pas de fenêtre, mais des escaliers tout autour qui mènent à différents espaces. Ca fait longtemps que je ne suis pas venu.

Je les retrouve assez rapidement. En fait je n'en connais que deux sur les 6. On choisit le plus gros univers, même si on y a déjà tous joué il y a quelques années. Ca fait un peu comme les attractions à EuroDisney : on commence à les connaître. D'autant que cet espace a été créé par Disney... Bref, nous sommes tout de même un peu excités dans le hall d'attente en faisant la queue, c'est toujours sympa comme divertissement. Une fois enregistrés, une hôtesse nous conduit dans une petite salle annexe, recouverte de moquette et éclairée comme en plein jour malgré l'absence de fenêtres. Au centre, un énorme tube de plastique blanc descend du plafond et se divise pour rejoindre 7 cocons. Chacun prend place dans l'un d'eux en position foetale. Dès que la tête touche l'oreiller, une sensation unique me saisit. Mon corps est totalement engourdi l'espace d'un instant, je le sens mais suis incapable de bouger. Je ne vois qu'un voile gris avec une impression de déplacement. Quand tout d'un coup les couleurs commencent à apparaître : j'apparais à deux mètres du sol, sur une piste en pleine jungle. Comme lâché en plein air, j'atterris sur la terre. Les autres apparaissent tout autour. Une impression de déjà-vu nous saisit : nous faisons un certain effort pour comprendre où nous sommes, quand je lâche soudain "ah mais oui je me souviens, c'est le monde de la jungle ! Faut éviter les animaux !". En effet, au bout de la piste il y a une barrière au-delà de laquelle il n'y a ... rien. Et de l'autre côté, un grondement. Des animaux immenses arrivent en trombe : éléphants, hippopotames, girafes... Le but du jeu est de remonter la piste en courant et d'éviter de se faire écraser. D'emblée je manque de me faire empaler, je saute sur l'herbe en contrebas. Mais c'est pas drôle, donc autant foncer au milieu des animaux. Ceux qui connaissent font pareil, les autres hésitent. Finalement, une fois la salve passée, le monde s'efface et nous changeons d'univers.

S'en suivent un certain nombre d'autres lieux et situations, avec à chaque fois ce passage de l'inertie à la matérialisation. Un peu comme si le corps disparaissait, était téléporté morceau par morceau, pour réapparaître, s'emboîter, générer les sensations tactiles et recommencer à vivre.

A la fin de la simulation, je reste quelques minutes dans un état de pseudo-léthargie dans mon cocon. Impossible d'ouvrir les yeux. Pourtant je ressens la position foetale. Puis je parviens à bouger, comme à chaque fois qu'on arrivait dans un nouveau monde. A ce moment je réalise que la simulation a beau avoir quelques années, le rendu est étonnant de réalité. Impossible de faire la différence avec le vrai. Du coup le doute s'empare de moi : et si je venais d'apparaître dans une nouvelle simulation qui se calque sur la réalité de départ ? Horreur.

d'ordinaire je n'annote jamais mes rêves ; je tiens à préciser ici cependant que les sensations d'engourdissement successifs et de "réalité" étaient étonnamment dérangeantes

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