09:44

Agent secret d'un jour

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Le briefing est simple : c'est à cette petite gare de banlieue qu'une jeune ado prend le train pour rentrer chez elle après les cours. On vient d'apprendre qu'un groupuscule mafieux va tenter de l'enlever pour demander une rançon à son richissime père. A nous d'empêcher cela.

Nous sommes cinq dépêchés en catastrophe sur place. Le chef du groupe nous répartit afin de repérer et accompagner la jeune fille. Comme les trains partent toutes les trois minutes, il se pourrait qu'elle soit déjà montée dans l'un d'eux : une partie de l'équipe monte sur le toit du train en partance, afin de repérer les malfrats. Je monte dans le suivant, et repère notre objectif. Je fonce vers elle tandis que, de l'autre côté du wagon, j'aperçois deux hommes en noir équipés pour l'assaut. J'attrape la jeune fille par le poignet et nous sautons du train qui vient de démarrer, côté rails. En deux mots je lui présente la situation, puis nous courons vers la gare. Du toit du train que l'on vient de quitter mon chef me crie de prendre le suivant, tandis qu'ils s'occupent des bandits. Ce que l'on fait, en essayant de se faire remarquer le moins possible. Le train démarre avec heurts, puis nous filons. Je guette les nombreux passagers. Pas de menace immédiate. La jeune ado m'observe en silence, quand un contrôleur vient nous demander nos titres de transport. Pour assurer notre discrétion, je ne peux pas sortir ma carte d'agent spécial : je dois rester le plus discret possible. Et pour une raison qui m'échappe, la jeune fille n'a pas de titre non plus, ou alors elle fait semblant. Du coup le contrôleur s'énerve, tandis que je m'escrime à lui faire comprendre qu'il serait dans son intérêt d'aller voir ailleurs. Mais ces esclandres attirent le regard, et à la première station nous sommes contraints de descendre, mais pas par la porte : à nouveau en sautant sur les rails. Le train repart, nous attendons le suivant, qui arrive presque aussitôt.

On monte. Mais après réflexion, je ne sais pas où mon patron veut que le rejoigne ; il ne m'a laissé aucune indication quant au lieu de sûreté qui a été choisi et je n'ai pas de radio sur moi. On trouve deux places assises. Alors je commence à bavarder. Je lui demande de réorganiser sa coiffure, en retirant un certain nombre de barrettes, afin de confondre l'ennemi. "D'accord, mais je garde ces deux-là" me dit-elle.
A la station qui suit, montent deux militaires vigie-pirate, arme au poing. Des confrères éloignés, qui ne le savent pas. Ils montent pour nous, le contrôleur les a prévenus. D'emblée ils nous interpellent, exigeant de voir titres de transport et papiers d'identité. Même discours que précédemment. J'hésite à les mettre au jus. Mais leur tête reflète un air tellement ahuri que je me résigne, ils seraient capables de tout faire capoter, en pire. Seule échappatoire : l'escapade. Le train traverse à petite allure les banlieues résidentielles, c'est le moment. D'un regard la jeune fille m'a compris, et nous sautons par la porte de secours. Le train s'arrête, mais pas nous. Le temps que les militaires réagissent, nous sommes déjà derrière quelques pâtés de maisons.

Fiers de notre coup, on se tape un give me five. Bon, du coup il va falloir 'emprunter' une voiture. Et tandis que je m'affaire dans une rue peu fréquentée, une grosse BM noire surfit au coin, crissant des pneus comme pas deux. Un gros mec en costard et lunettes noires s'assied sur le rebord de la fenêtre, uzi à la main. Pas de doute, c'est pour nous. Je crochète la portière à temps, on démarre au quart de tour. C'est parti pour une course-poursuite dans les suburbs.

09:43

Etat de siège

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La grande plaine est bordée de forêts et maquis. Voilà un mois que la guerre fait rage et chaque jour l'ennemi progresse. Notre campement, formé de nombreuses tentes et de constructions précaires tien bon face aux attaques.
Je fais partie des espions, de ceux qui agissent dans l'ombre sans se contenter de récolter des informations. Et malgré sa forme très atypique - une armée de bonbons géants humanoïdes - l'ennemi est plus acharné que tout autre. Le but de cette armée de couleurs : décimer l'espèce humaine. Nos troupes sont le dernier rempart avant la victoire du sucre sur nous. Menés par une marquise très chic, nous nous défendons, baïonnette au canon, tant bien que mal.
La particularité de cette guerre est que l'ennemi progresse très lentement. C'est une guerre contre le temps, en réalité : chaque jour les premières lignes colorées gagnent quelques mètres. Encore deux jours et ils atteindront nos tentes. En attendant, personne ne peut rien faire. Oui c'est ainsi.

La particularité d'être un espion est aussi d'être proche du commandement. La Marquise requiert mon escadron : un pli envoyé par l'ennemi vient d'arriver. Il annonce que nos lignes sont infiltrées par une de leurs bombes vivantes. Cette franchise ne m'étonne guère, ces bonbons sont hargneux et prétentieux. Alors que la discussion progresse dans le QG, je sors faire quelques pas. C'est le jour de lessive, chaque jeune homme doit changer de t-shirt. J'observe ce manège sans grande attention, quand je vois un jeune garçon qui retire son t-shirt.. et en a un autre sur lui ! Pas de doute, la taupe c'est lui : les bonbons ennemis savent prendre l'apparence humaine, mais partiellement. Son corps est certainement fait de guimauve ! Je hèle un de mes hommes tandis que je me jette sur la bombe vivante, le plaque au sol et le bâillonne aussi sec. Je l'amène dans une tente pour l'interroger en compagnie de la Marquise et de ma troupe. Le prisonnier reprend alors sa forme horrible de bonbon raté, fondu, coloré à souhait et au regard démoniaque. Dans un grand rire il annonce alors notre perte. Car pendant ce temps, les lignes ennemies ont progressé. Il ne nous reste plus qu'à s'équiper et amorcer le combat. Ca va trancher.

09:42

Jusqu'au bout

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Ca y est, l'année scolaire est terminée, j'entame mon nouveau stage. C'est mon premier jour, et un sentiment étrange m'anime. Normal, puisqu'il se déroule dans la boîte dont je me suis enfui l'année dernière, où le souvenir de mon passage éclair ne doit pas être glorieux.

Qu'importe, je pénètre hardis dans le grand bâtiment, et amorce une tournée de poignées de mains. "Salut, je suis revenu" ; "Eh oui, me revoilà" ; "Tiens, comment vas-tu ? On va à nouveau bosser ensemble"... Etc, en partant des entrepôts et magasins jusqu'aux différents services d'achat, de gestion, les saluant tous, sans exception. Chacun me regarde avec des yeux écarquillés, aucun ne prononce un mot. L'ambiance est tendue mais ça passe. Jusqu'à quand ? J'évite cependant le service marketing et communication, les mauvais souvenirs prenant le dessus. Et me dirige vers la direction, qui a changé entre-temps. Ils sont deux. Très étonnés de me voir eux aussi, incrédules. Normal, ce sont les patrons de l'agence de com' où j'ai effectué mon stage à la suite du premier inachevé. Il avait bien commencé, mais la fin s’était avérée salutaire. Leur sourire est mitigé, je sens même un regard paniqué chez l'un des deux. Ah ah, ça va être chouette ce stage, non ?

09:41

Toi, la soeur que je n'ai jamais eue

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Nous sommes en famille en vacances à la montagne, dans le village où nous nous rendons chaque année depuis trois générations.

Le matin se lève, une nouvelle journée de balade s'annonce. Et sur le perron du chalet, je vois ma soeur. Il faut savoir que dans la vie éveillée, j'ai deux frères. Je suis l'ainé. Et cette soeur que jamais je n'ai connu, avec qui je n'ai jamais parlé, est là, devant moi, et m'attend. Elle a deux ans de moins que moi, et est si belle. Elle paraît douce et mystérieuse, pétillante et intelligente. La voir me chauffe le coeur, j'en suis presque ému.

Et pourtant dans ce rêve, je sais qu'elle est ma soeur. Nous marchons en silence rejoindre nos parents. Durant la matinée nous n'échangeons que quelques mots, mon esprit étant tiraillé entre la raison qui lui dit qu'elle n'existe pas, et le rêve qui lui prouve le contraire.
Le rêve l'emporte, puisque après avoir marché un long moment à travers le village, en rentrant au chalet, je découvre ma soeur. Je la découvre intérieurement, on se découvre mutuellement, et c'est une expérience unique, intranscriptible. C'est comme si nous avions été privés de nous voir pendant une grosse vingtaine d'années, et que tout d'un coup on s'admet naturellement frère et soeur. A nouveau je contemple son visage presque angélique, et j'éprouve un sentiment de fierté sans égal à son égard. C'est ma soeur ! Et quelle soeur ! La soeur parfaite.

* * *
Je me réveille, et me rappelle que deux ans après ma naissance, la famille a failli s'agrandir. Seulement failli.

09:40

Le scarabée domestique

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Je me réveille dans une chambre d’hôtel d’un pays étranger. En vacances. En famille. Je partage la chambre avec mon frère, qui a déjà a rejoint le buffet du petit-déjeuner. Pour ma part, je préfère profiter d’un bon bain dans la une baignoire en forme de coquille Saint-Jacques. En sortant, je trouve près du mini-bar un assortiement de housses de protections pour PSP. Chaque jour le personnel de l'hôtel propose un nouvel assortiment. Aujourdh'ui, certaines ont le prix indiqué dessus, d'autres sont assorties d'un autocollant sur lequel est écrit à la main "free - gratis". Tiens, pourquoi pas, mais il faudrait que je vérifie auprès de la réception de leur véritable gratuité. Après avoir enfilé un short et m’être aperçu que je n’ai plus de t-shirt à mettre, je rejoins ma faille dans le hall ensoleillé. Et sans le moindre étonnement, je m’écrie en découvrant mes deux frangins fixant un point blanc sur le sol :

- Il a éclos ! C’est super !

Notre scarabée domestique vient de naître. Attaché au bout d’une laisse ‘maison’ en ficelle, il est encore pâle. Ce n’est qu’un nouveau né.

J’en profite pour faire part mon besoin assez imminent de t-shirt, et nous décidons de partir tous els cinq dans la rue qui surplombe l’hôtel, trouver de quoi me vêtir le torse mais aussi promener notre nouveau compagnon.


C’est moi qui tiens la ficelle. Comme il est encore jeune, il n’exprime pas de forte résistance, et je me surprends même à marcher plus vite que lui. « Mince, me dis-je, si je marche trop vite je risque de lui casser les pattes » et décide donc de réduire l’allure. Malheureusement, le jeune animal trébuche quelques mètres plus loin.

- Que se passe-t-il, s’enquit mon frère.

- Je ne sais pas, on dirait qu’il s’est coincé la tête dans un truc métallique.

Et voilà que notre jeune scarabée blanc grossit et devient une statue de métal, brillant et immobile, tout en se décomposant en plusieurs morceaux : pattes, corps, tête, cornes… Je ramasse le tout et m’installe sur un banc, dans l’espoir de le remonter, tel un Lego. Car si je ne parviens pas à réimbriquer toutes les pièces à temps, le pauvre insecte risque de rester ainsi à jamais… Et pendant ce temps, les autres vont dan la boutique de t-shirt, m’en choisir un qui demain ne pourra pas être réutilisé.

09:39

Le mur d'eau

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La nuit vient de tomber. Je suis un espion à la solde d'un riche gouvernement, chargé d'une mission de quasi-routine : enlever une personne en territoire ennemi. Pourquoi ? je ne sais pas. J'arrive tranquillement par la mer sur la plage d'une ville futuriste, bordée d'immeubles bas au design très aéré. Au loin s'élève une vielle forteresse moyenâgeuse, d'où s'élève vers le ciel sombre une tour de pierre.


Il ne me faut que quelques instants pour repérer ma cible : une jeune femme qui dort dans une maisonnette sans portes, tout juste un toit suspendu par un grand mur, faisant face à la mer. En réalité je suis venu la sauver : elle réside dans ce pays mais ne peu fuir, sous peine d'arrestation. Je la réveille doucement et découvre son visage : je le connais très bien dans la vie terrestre, mais le découvre dans ce rêve. Au début elle est effrayée, je suis complètement vêtu de noir, je parle peu, je lui dit juste que je suis venu la chercher et qu'il faut partir au plus vite. Après avoir constaté que les lieux sont toujours déserts, je l'attrape par la main et l'entraîne derrière le mur de son abri, en direction de la mer. Stupéfaction. Un mur immense, illuminé par le reflet de la lune, se dresse devant nous. Un mur d'eau de plusieurs dizaines de mètres, perdu dans l'horizon, qui semble immobile. Je reste figé quelques instants, hébété, à fixer cette masse noire. Quand je comprends, soudain, qu'un immense raz-de-marée fonce vers nous. Au vu de sa hauteur à une telle distance, j'imagine avec horreur sa taille en atteignant la côte.

On file vers la ville, ne pouvant rejoindre le canot et fuir par la mer. Aucun véhicule, et ces habitations qui semblent toujours aussi désespérément vides. Instinctivement, on cherche à atteindre un endroit en hauteur : le château. Bâti sur une colline, creusé à même la roche par endroits, on grimpe dans la tour jusqu'à une terrasse à l'opposé de la mer. Ainsi, un épais mur nous protège de l'océan. Elle croit que ça tiendra, mais je n'en suis pas si sûr. Je la cale bien contre la pierre taillée, tandis qu'un grondement sourd commence à faire vibrer le sol. Je contourne le mur pour contourner la tour et faire face à l'océan : le mur noir est à quelques mètres de la plage, sa hauteur est démesurée...