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Touristes, journaux et absurdité

posted under , by gaetan |
Au beau milieu d'une place déserte, dans une ville nord-africaine, me voilà à vendre des journaux à la criée. Seulement voilà, je me tais. Car d'une part il n'y a personne, et d'autre part je ne me vois pas crier des titres écrits en flammand. Car oui, les journaux que je suis sensé vendre 1€ sont écrits en flammand.

Je me dirige vers la plage, les touristes doivent y être plus nombreux que dans les rues de cette ville déserte. Je traverse un terrain de foot en sable, sur lequel une quarantaine de gamins, tous des enfants de touristes, courent après la balle. Les bleus contre les rouges. Ah! La terrasse d'un café! Je vais enfin pouvoir écouler ce papier qui me pèse, tant physiquement que moralement. Je suis hellé par plusieurs tables : les affaires reprennent ! Je m'approche d'une table qui vient de m'appeler par mon prénom. Intrigué, je m'approche.

Dites moi, maintenant que vous étudiez dans une grande école de communication, est-ce que vous regardez TF1 plus souvent ?

Surprise totale, mais réponse directe :

- Je ne regarde jamais TF1, encore moins maintenant.

Puis je reconais ma terlocutrice, Claire Chazal. Elle a un petit rire gêné, puis me présente sa table : son compagnon, Michel Field (!), ses deux filles, le fils de Michel, un petit rondouillet à l'air méchant, et la grand-mère de ce dernier. L'octagénère me serre la main, "Bonjour monsieur / Bonjour madame". Puis la discussion reprend. Tout ce beau monde est déguisé en touriste, et me parle des lieux, de mes études, de la télévision, de TF1. Je m'installe avec eux, les journaux commençant à peser. Mon frangin arrive subitement, essouflé. Il me lance :

- Bonjour, pardon de vous déranger. Dis, quand tu rentreras à la maison, fais gaffe passqu'on a plus de lait.

Et il repart en courant. Ah, bon, me dis-je. Et le Michel junior de lancer à Claire : "Le garçon il a dit tout bas que t'étais une mocheté, oui je l'ai entendu". Quel petit.. Mon frangin n'aurait jamais dit ça, surtout qu'il n'a visiblement pas reconnu avec qui je parlais. Puis il est l'heure pour eux de rentrer à leur petit chateau, qui domine la côte, loué pour l'occasion. Je me propose de faire un bout de chemin avec eux, mon bungalow étant sur le chemin. En route, Michel, qui n'a pratiquement rien dit pour le moment, laisse entendre que Claire doit rentrer à la Capitale, et que pour s'occuper il proposera à mon chef d'écrire, je cite, "deux ou trois papiers pour sa feulle de choux". Je l'en remercie vivement et me désolidarise du troupeau, cherchant à regagner mon chez moi.

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